Politique, zéro pointé, par Patrice
Un constat sous influence.
Bien sûr qu'il existe un apartheid social de fait. Le
nier serait hypocrite au dernier degré. Que ce soit Manuel Valls, actuel
Premier ministre qui le dise n'aggrave ni ne diminue la réalité des choses, lui
qui est homme politique depuis quarante ans doit maintenant tirer les
conclusions de son activité "professionnelle".
C'est un mea culpa qui ne lui coûte
pas cher. La réalité est tellement aveuglante qu'il faut être de mauvaise foi
pour ne pas l'admettre. La misère sociale de certaines parties de la France est
tellement flagrante dans sa quotidienneté, et ce depuis trente ans,
qu'aujourd'hui elle pète au visage du pays par sa persistance et surtout par
ses conséquences induites.
Il est bien temps de s'apitoyer, de s'étonner, de se
flageller alors qu'on le paye, comme dans tous les pays qui ont développé cette
situation par volonté politique ou par négligence. Pas un pays qui ne paye un
jour l'addition d'avoir développé ou laisser se développer une telle situation.
Un jour ou l'autre, c'est l'addition en cash
qu'il faut payer et ce jour-là arrive toujours. Ce que de doctes marxistes
imputaient à leur théorie est plutôt inscrite dans la nature des peuples et
dans leur ras-le-bol de souffrir, d'être méprisés et malmenés.
C'est jouer avec le feu que de ne pas d'abord s'occuper
de la situation sociale des peuples et de rejeter la responsabilité sur
l'économique. Quand cela dure trop longtemps, c'est sa propre inconséquence
d'homme politique qui apparaît. A trop
différer la prise en charge de l'humain par l'éducation et le social, on
s'expose à une explosion. Elle ne prévient pas, car elle est modulable,
variable. Elle peut survenir n'importe quand, à l'occasion d'un fait
supplémentaire qui créé le trop plein.
Un énième dessin de Charlie
Hebdo le traduit bien : "Vous
étiez en terminale dans le 93 ? — Corvée de chiottes !"
Voilà le mépris institutionnalisé, récurrent, marqué du fer rouge de la honte.
Ce n'est qu'un aspect de la situation et n'exonère malheureusement pas d'autres
quartiers de France. Lorsqu'à cause de votre patronyme et/ou de votre adresse
sur un CV, vous essuyez des refus successifs pour un emploi ou pour un lieu
d'enseignement, fac ou lycée, il ne faut pas s'étonner que les jeunes aillent
chercher au pied des tours l'éducation qu'ils ne reçoivent plus ni chez eux ni
à l'école.
Manuel Valls étonne l'"establishment" politique ? On est surtout étonné qu'il ose
tenir de tels propos aussi rugueux, aussi dérangeant dans le Landernau qui se
veut consensuel sous le coup de l'émotion des évènements de la semaine
dernière. Ça fait un drôle d'effet, qu'un Premier ministre qui passe pour un
peu raide, tout à coup en revienne à des considérations aussi terre à terre.
"On était si bien dans notre cocon,
à nous battre (!) pour des peccadilles constitutionnelles qui ne débouchent
jamais sur rien. Qui nous occupent, qui justifient nos revenus."
Il faut craindre que cet éclat inattendu ne reste
qu'étincelle sans lendemain tant le sujet est noyé dans le contexte politique
général qu'ils ont tous bien du mal à cerner. Je ne parle même pas de le
résoudre…
C'est non seulement d'huile de coude dont on a besoin,
c'est de volonté et de priorité, de choix politique. Sinon...
Patrice C.
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