Le médecin libéral à la recherche d'honneurs, par Patrice


La médecine des valeurs.

Oui, la médecine généraliste est le parent pauvre de la médecine. Ce n'est pas nouveau. Le brave toubib de famille n'a toujours été considéré que compte tenu de sa proximité avec ses patients qu'il accompagne toute leur vie, eux et leurs enfants. Sur le plan strict des compétences, il n'égale pas le spécialiste ou l'hospitalier, hautement estimés de par le fait même qu'ils ne sont pas proches de la population.

Aujourd'hui, alors que tout doit se justifier, que toute existence doit être valorisée, le médecin de quartier est ramené à ses origines, à ses sources, celles de la populace qui ne voit plus qu'une chose : le prestige, quitte à le payer très cher et à se plaindre ensuite… On ne jure plus que par les superlatifs. Il faut être "de" quelque chose ou être situé sur un piédestal social pour qu'on vous vénère. Bienvenue aux chefs, maîtres et autres honneurs de tout poil. Ils bénéficient du respect, eux qui sont au-dessus du lot.

Alors, vous pensez, le médecin généraliste… Une race quasi en voie de disparition et ça se vérifie tous les jours. Basta le bas de gamme, y compris en médecine, vive le luxe et l'opulence et tant pis si on en crève. On se soignera à crédit, comme on va en vacances au soleil. La seule question qui vaille : que fait la Sécu ? Et on ressasse les éternels poncifs des « je paie des cotises, j'en veux pour mon argent ». Comme chez le garagiste ! Alors, si "en plus" (?) ils font grève et prennent les patients en otages (il fallait s'en douter), on ne voit pas pourquoi il faudrait continuer à payer pour aller les consulter. Médecin ou loufiat : la même considération !

Aller chez le médecin comme on ne va pas (aux putes, c'est sûr) au cinéma, on n'en veut plus. Tout, tout de suite était un slogan de Mai 68. Aujourd'hui on veut croire que c'est tout et gratis. La responsabilisation, la prise de conscience citoyenne liée à votre implication, à votre responsabilité, que devient-elle ? La gratuité de la médecine est déjà effective et vécue comme telle aux services des urgences : bobo, urgences ! Demain la queue chez les toubibs pour un pet de travers. Libre-service, open bar ! Il n'y a déjà plus de respect, allons jusqu'au bout ! Révolutionnaires ils se croient ! Bonjour les dégâts au niveau de l'Etat, la Sécu…

D'un autre côté, les médecins sont et se veulent d'abord et avant tout libéraux. La belle étiquette ! Artisan de la médecine ? Profession libérale, comme les avocats, huissiers, notaires, ça en jette un peu plus. Il faut poser son bonhomme, socialement. On cherche un reste de respect dans les titres honorifiques et les blasons. Le respect de tant d'années d'études et de responsabilités, on le prend là où on peut, alors libéraux ! Il ne reste que ça. Il ne faudrait pas que la médecine devienne nationale, quasi bolchévique. Pour combien de temps encore ? S'accrocher à un hochet, une épithète qui a eu une valeur mais qui n'en a déjà plus, ça sert encore à quoi ? Le médecin est coincé entre prolo et cadre, sauf à être un "professeur", une sommité respectée et crainte. Pour ça, faut pas vivre parmi les mortels. S'exiler chez les nantis, les respectables de droit et de fait.

Remettre les pendules des valeurs à l'heure. Voilà la solution. Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent !

Patrice C.

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)